C’est donc Michel, 78ans, ex pilote militaire puis ex pilote de ligne Air-France, le deuxième instructeur du club qui allait assurer l’intérim pour quelques semaines.
Et là, nouvelle chanson : « je t’aurais bien lâché… mais, ce serais mieux que ce soit Jean-Mau qui le fasse… »
Honnêtement, les premières fois ça m’allait bien, j’aurai un peu plus le temps que Pilax de m’y préparer, aussi bien techniquement que psychologiquement.
Et puis la semaine passée j’ai commencé à trouver ça un peu frustrant, je commençais aussi à me sentir en décalage avec mon binôme dont la motivation avait bénéficié d’un regain que ce dernier avait les plus grandes difficultés à dissimuler.
Je pensais que ce serait pour ce week-end quand Jean-Mau, toujours en convalescence, m’a annoncé qu’il ne volerait pas avec nous encore cette fois-ci.
Pilax tout énervé m’avait appelé quelques minutes plus tard pour me dire que ce n’était pas grave, Michel nous dispenserait l’instruction encore cette fois.
Mouais, franchement je n’étais pas spécialement emballé pour refaire des tours de pistes en double, mais bon, mon tour finirait bien par venir.
Dimanche arrive, il fait super beau, pas un poil de vent. De super conditions pour l’instruction. J’arrive un peu en avance à l’aéroclub, Michel me confirme : « les conditions sont idéales, je te lâcherait bien… mais Jean-Mau… » « Attends, je vais l’appeler pour savoir ce qu’il en pense ! » propose-je (pas facile à prononcer hein)
Et paf, le Jean-Mau me confirme qu’il aurait bien aimé me lâcher lui-même, mais que comme les conditions sont idéales et qu’on aura peut-être pas les mêmes avant plusieurs semaines… c’est l’occasion. Et puis il m’écoutera en radio depuis chez lui.
Pilax nous a rejoint, je prends donc les commandes avec mes deux passagers pour deux tours de piste en double, avant le lâché si tout ce passe bien.
Mes deux premiers tours de piste sont loin d’être parfaits. Phraséo approximative, je mange la fin de la check « après mise en route » je tourne en base un peu tôt arrive trop haut etc… laisse embarquer l’avion à gauche après l’atterro et tout ça en deux tours. Et pourtant je me sentais en forme avant de partir.
Malgré ces imprécisions, l’instructeur, m’invite à les laisser descendre au parking, pour me laisser faire mon premier tour de piste en solo (plus appliqué j’aurais sans doute eu le droit à un deuxième)
Seul à bord, je n’ai bizarrement aucune appréhension. Je reprends tranquillement ma check-liste, roule au point d’arrêt pour les essais moteurs après avoir obtenu une clairance de la tour. Essais effectués j’annonce être prêt au départ, concentré sur ce que j’ai à faire je ne ressens même pas l’absence de l’instructeur à ma droite.
Autorisé à décoller, je m’aligne sur la 17, fais les dernières préparations, et c’est en enfonçant la manette des gaz que je réalise enfin, pendant une demie seconde que je suis seul et qu’il ne faut pas que je me loupe au décollage.
Hotel Kilo, s’ébranle, accélère très vite (j’ai quand même laissé 180 kg de barbaque au parking) et s’arrache sous une pression inhabituellement douce sur le manche.
Je grinpe comme une fusée et atteints les 1000 ft avant d’avoir fini mon virage, réduction 2300 tours, un peu de trim poussé, j’annonce à la tour mon vent arrière circuit main droite pour un complet.
Préparation de l’avion, un cran de volet, pour une fois je suis resté exactement à 1000ft. Je passe en base, réduction 1500 tours, dernier virage je suis à 500ft. J’annonce la finale et sort le dernier cran de volet. Tout est ok, une rouge, 150 km/h et 500ft/mn. 140 km/h en courte, je survole la piste réduction complète. Putain en plus je suis pile sur la ligne et je fini par un land kiss… sans laisser le DR400 embarquer à gauche pour une fois…
J’ai un sourire jusqu’au oreilles, l’avait raison le Pilax, on vole tout de même mieux sans l’instructeur…
