Néanmoins, le souvenir des performances de l'Extra restait gravé dans ma mémoire. Alors cette semaine, profitant de ma présence professionnelle à Maffliers (à 15 km de l'aérodrome de Persan-Beaumont) je décide d'en profiter pour retourner essayer cet appareil; voici le récit de ce nouvel essai.
La météo n'est pas terrible, en particulier à cause de plafond assez bas. On me rassure cependant: y'en a suffisamment pour l'extra puisque, Roissy oblige, le box va de 1800 ft à 3000 ft seulement. Je redécouvre l'avion. Trapu, musclé, profil d'aile parfaitement symétrique, des ailerons qui font pratiquement la longueur complète de l'aile. Je rencontre également mon instructeur, Etienne, qui m'inspire tout de suite confiance: « bon, bin va falloir qu'on fasse connaissance », « ici en voltige, une verticale c'est au fil à plomb » « t'as été formé par qui ? ». Il connait en fait tous ceux entre les mains de qui je suis passé, et possède lui-même un Zlin; petit monde
. Je lui explique qu'avec « Dassault Voltige » on a une approche différente de celle de la compet' et que je ne suis pas certains de pouvoir m'y remettre comme ça, même si j'ai déjà eu une petite expérience de la chose. Il me rassure: « c'est une bonne école, ne t'en fait pas, ça va aller ».Parachute sur les épaules, je prends place à l'avant. Configuration en tandem, les cadrans, la radio sont tous à l'arrière, en place pilote. Mais pour un premier vol (techniquement c'est le troisième pour moi, mais c'était y'a longtemps), c'est la règle. Je me retrouve donc en place « instructeur », tassé sur mon siège la tête dans la verrière, avec pour tous instruments un badin et un alti; comme ça je vais pas être déconcentré
. La visibilité avant n'est pas très bonne avec le moteur devant moi, mais c'est apparemment pire en place pilote (pourtant surélevée).Roulage similaire aux autres trains classiques, un peu de zig-zag pour vérifier que le chemin est dégagé, je taxi sans histoire. Essais moteurs, magnéto, pas d'hélice, ok. Brefing avant déco: mise en puissance progressive manche au ventre, mise en ligne de vol, pas de manche dans le vent malgré le vent de travers (les ailerons sont si efficace qu'on peut lever une aile avant de voler !), rotation à 75 kt, montée à 90 kt. L'instructeur me préviens que le décompte des vitesses en noeuds risque d'être un peu déstabilisant pour moi qui vole habituellement en km/h. Je ne réponds rien, mais faut avouer qu'avec notre habitude de voler sur différents appareil dans IL2, il aurait aussi bien pu me dire que le badin de avion était gradué en litres de lait.
Mise en puissance, un peu de pied a droite, l'extra reste docilement sur son axe. Gaz à fond, je sens l'accélération (tiens, ça envoie plus que sur Cap-10). Je mets doucement le manche en avant, il passe en ligne de vol et demande déjà à prendre l'air. Coup d'oeil au badin, les 75 kt sont là, je décolle. Petit palier mettant le nez dans le vent (pas mal de travers droit), puis montée à 90 kt. L'avion est docile, mais je cherche le trim pour soulager l'effort au manche. « Y'en a pas devant » m'explique Etienne, « tu veux que je te le trim comment ? », « Bin à 90 kt » je réponds en rigolant. Premier virage, ce qui me permet de me rendre compte que je n'ai pas de bille (uniquement à l'arrière !). Etienne me rassure: « ne t'en fait pas, au prochain vol tu seras derrière avec tous les instruments ». Je fais gentiment grimper l'appareil vers le box, il monte bien, mais sans plus, je repère l'axe. Creil nous autorise à débuter. Etienne reprend les commandes pour trimer l'appareil à 140 kt. 2500 tours et 25 pouces à l'admission, et plus rien à faire: l'hélice à vitesse constante s'occupe de tout. « A toi les commandes » me dit-il.
Nous commençons pas une boucle, qui passe très bien, cadence régulière bon arrondi en haut, et l'axe qui revient pil, poil; sympa mais rien de plus par rapport aux autres avions de voltige que j'ai testé, si ce n'est peut-être une impression diffuse de légèreté. « Fais moi un tonneau à gauche maintenant, assez lent ». Je mets peut être un cm ou deux de débattement à gauche tout en cabrant légèrement, woosh, je tourne mon tonneau en deux ou trois seconde max; « la vache ça tourne vite! ». En utilisant à peine les ailerons, j'obtiens le meilleur roulis du Cap-10 ! « ok, à droite maintenant », j'essaye de tourner plus lentement, mais rebelote; ca va pas être facile de tourner lent (ex: 6s, pour comparaison, un tonneau lent sur Cap-10 c'est 20 secondes). Mes tonneaux sont cependant bien conjugués au commandes, mon instructeur semble satisfait. « Aller, un retrournement sous 45° ». Je me lance, cabré, triangle sur l'horizon, 1, 2, 3, et là, d'instint je mets franchement du manche à gauche pour mon demi-tonneau qui est avalé en une fraction de seconde: « put... ça envoie ! » dis-je en rigolant. Je tâche de tenir l'angle de monté au manche, pas génial, mais faut avouer que mon sourire jusqu'au oreilles me déconcentre un peu. Je tire et reviens sur l'axe, pas génial mais acceptable. « Faudra juste travailler ton circuit visuel sur cette figure ».
Etienne me lance ensuite sur un « tombé », qui passe sans histoire, le demi-tonneau est incroyablement facile. Puis un rétablissement normal. Habituellement, il faut commencer le demi-tonneau avec le nez très haut tellement le badin est faible, je procède donc ainsi. La figure passe, mais Etienne n'est pas satisfait. Il me demande de recommencer avec deux facettes lors du demi-tonneau: gamelle. Il explique, « tu ne cadences pas assez » et me montre. L'avion est tellement puissant qu'on a encore 100 kt au sommet de la demi-boucle en tirant 4-5 G, du coup évidemment, on a largement de quoi faire un tonneau à facette. Je recommence et ça passe très bien en effet. On attaque alors un renversement qui passe lui aussi très facilement. Etienne me fait alors recommencer en attaquant à 100 kt et, évidemment, je déclenche en tirant sur le manche. Il m'explique qu'à 100 kt, on est pas si loin du décrochage si on augmente trop vite l'incidence, « faut être plus souple ». Effectivement, ça passe sans souci en étant plus délicat.
« Aller on va grimper pour une petite vrille, 1 tour et demi », 2800 ft, réduction, palier, manche progressivement au ventre ,du pied à gauche, la vrille est saine, la sortie aussi. Rien de particulier. On reprend un peu le circuit visuel du retournement sous 45°, et ça passe effectivement mieux. Puis mon instructeur me demande de terminer par un tonneau rapide, « aussi vite que tu peux ». Je m'exécute en branquant le manche à fond à gauche et le tonneau est avalé en moins d'une seconde: « Wahoo ! ». Vraiment génial comme sensation, j'ai l'impression d'être à bord d'un rafale
« Ca va ?», « bin carrément » je réponds. Alors Etienne décide de me montrer un peu ce que l'Extra peu faire. Deux tonneaux en montée verticale avalés sans soucis, autant en descente verticale, une nouvelle montée avec des tonneaux déclenchés (dans le genre, pour bouffer de l'énergie), sans aucun soucis également. Je rigole bêtement: « cet avion est génial ! ». Aller, fin des évolutions, je reprends les commandes pour retourner le poser. Pas compliqué: 90 kt en approche, 75 kt en finale, touché trois point. Je m'exécute, l'Extra se laisse faire, l'atterro est tranquille à ceci près que ne voit évidemment rien devant, mais bon, faut avouer que comparer au Mig-3, tous les avions sont faciles à poser
.Je suis vraiment aux anges, quel incroyable plaisir d'évoluer sur cet appareil ! Pour ne rien gâcher, mon instructeur a l'air tout à fait satisfait, il est même étonné de mon tonneau rapide plutôt bien arrêté pour une première fois. Je me garde de lui expliquer que j'avais l'impression d'être dans IL2
. On termine la séance avec +5/-5 à l'accéléromètre, et pourtant l'impression d'avoir fait une séance douce, Etienne et moi sommes tous deux tout étonné.Franchement quel pied ! J'ai eu l'impression de voler dans un avion où tout ce qui est d'habitude délicat est ici incroyablement facile. En prime, l'appareil est très "chatouilleux" avec sa tendance à déclencher ce que personnellement j'apprécie beaucoup. Et quelle puissance ! J'ai vraiment A-DO-RE, comme l'atteste le sourire idiot que je garde sur le visage toute la fin d'après-midi.
Persan, c'est vraiment loin de chez moi, et pourtant je crois que je vais bien vite y retourner. Et puis, le club organise 4 stages d'une semaine en mai et juin
