S'il ne fallait retenir qu'un seul bon aspect de ce conflit sanguinaire mondial (un peu de positivisme, que diable, ras-le-bol des têtes de trois pieds de long, quoi...), c'est qu'il aura permis à des jeunes Britanniques de voir le soleil pour la première fois de leur vie. Haut les coeurs, car après ce radieux séjour à Malte, la Royal Navy va pouvoir effectuer une nouvelle commande de lotion solaire, puisque la nouvelle destination de la flotte est l'Italie. Aaaah, l'Italie : sa cuisine à l'huile d'olive, ses vins légers, ses accortes autochtones, ses dictateurs fascistes... C'est qu'il va y en avoir, des souvenirs à ramener...
Mission 5

Juillet 1943. L'opération Husky qui débute en Sicile. Sur le pont du Formidable, les pilotes de Seafire s'apprêtent à décoller dans le petit matin rosé (j'ai soif rien qu'à écrire cette phrase, tiens...). La mission du jour : veiller au bon déroulement des parachutages de troupes. Ah, les veinards de rampants : eux au moins, vont pouvoir fouler le sable fin des plages siciliennes et bronzer comme des sagouins tandis que ces pauvres pilotes seront contraints de regarder la côte d'en haut, avec pour seule perspective d'amusement l'opportunité d'ouvrir en grand le robinet d'oxygène pendant quelques minutes. La guerre est injuste, parfois.

Depuis son appareil, Erel surveille les plages du débarquement et se dit que finalement, ils ne loupent pas grand chose. D'autant que la météo, pour une fois, ne s'était pas trompé puisque le temps est couvert et qu'il pleut parfois des gouttes de la tailles d'un obus de 88...

Preuve que les conditions risquent de se détériorer encore un peu plus : les Bf 109 volent très bas. Chez 2Pattes, l'instinct du chasseur est très ancré : il voit un truc à croix noires qui bouge, il tire...

Petit coup de stress pour Nyv : repérer un appareil si proche dans le coin de sa vision périphérique est un indicateur d'alarme puissant. Ce n'est pourtant que Erel, son ailier, qui le suit comme une ombre. Faut faire gaffe, un ailer, chez les Autruches, c'est généralement mort ou à 400 mètres de son leader... C'est un coup à se faire descendre par erreur, ça.

Nyv qui, d'ailleurs, se fera plomber le moteur quelques minutes plus tard par un pilote allemand. "Pfff s'il croit que c'est un motif suffisant pour que je lui foute la paix" aurait-il lâché avant de se coller dans les six de son assaillant et d'étaler ses organes internes sur la verrière à coups de 20mm...

A classer parmi les dernières phrases célèbres : "Hein ? Combien il me reste de coco ? Heu, attend, elle est où la jauge, déjà... Nan, ça c'est le badin, ça l'horloge. Non, ça c'est un magazine de cul... Bon, quelqu'un peut me rappeler où se trouve cette putain de jau...". Aux familles de 2Pattes et Partizan, l'Etat Major a fait croire que ce jour-là, la traversée d'une intense couverture nuageuse était à l'origine de la dramatique collision. Ce qu'on irait pas raconter aux proches pour alléger leur fardeau, tout de même...

"Non mais kèsquueeeuuurreuh*kof* ski croyait le teeuuhareeuuh*kofkof*reeuhh le teuton *kof* ? Que la fumééeuuhrreuuh*tousse* allait me gêner ? HAHAHAhahaarrrhhreeuuh*crache"
Mission 6

La bataille pour la Sicile (également appelée "Terre du Milieu" par les galopins de l'aéronavale) se poursuit. Les Allemands, qui filent un coup de main à leurs indéfectibles alliés italiens, sont allés percher des batteries d'artillerie au sommet de l'Etna. L'occasion pour les pilotes anglais de bosser leurs appontages, car de multiples aller-retour entre le cratère et les porte-avions sont nécessaires pour refaire le plein de bombes à distribuer sur le crâne des montagnards. Les lieux seront, au final, nettoyés, grâce à la technique du "tapis de bombes". Non, pas celui que vous connaissez, avec un groupe de bombardiers qui dégueulent de concert plusieurs centaines de tonnes d'explosifs, non... Là, on parle du tapis de bombes artisanal, tressé amoureusement et patiemment à la 250 livres, bombe par bombe, du tapis fait main, môssieur, on a du goût, nous.
Entre deux séances de tricotage, le Squadron a également pu faire plus ample connaissance avec ses nobles opposants, que voici :

ACH SO JA JA JA ! DEUTSCHE KALITÄT ! SEHR GUT !

Si, va bene pasta y chianti ! Qualita italiana ! E pericoloso Sporgersi !
Bon bref, tout ça pour dire que s'il y en a un qui doit rendre les armes en premier, on souhaite que ce soit l'Allemagne, quoi...

Et si jamais vous demandez naïvement pourquoi, regardez l'état du Seafire de Bolger et demandez-vous lequel des deux appareils photographiés ci-dessus en est responsable. Si vous répondez : "le deuxième", vous êtes cruel, je vous laisse vous démerder avec Bolger, et je vous fais remarquer que notre victime a été abattue à une altitude qui représente au moins le double du plafond opérationnel de la bouse en bois de la Regia Aeronautica.

Être premier à apponter offre un certain confort de conscience. Pour les autres, c'est une petite pression supplémentaire qui vient s'ajouter... Pas vrai Erel ?
Mission 7

Septembre 1943. Bon, ben, perdu... Ce n'est pas l'Allemagne qui aura hissé le drapeau blanc la première, mais l'Italie. Il aura donc fallu attendre tout ce temps pour voir le pays prendre sa première initiative dans le conflit. Bon, c'est super, les Alliés vont hériter des Macchi 202 qui leur seront utiles pour, euh, chais pas moi, entraîner les jeunes recrues ? faire de l'épandage ? Oh, ça va m'engueulez pas, j'en sais rien, moi. Et je ne suis pas le seul : même à bord du Formidable et de l'Illustrious, certains pilotes n'ont appris l'existence de "chasseurs italiens" qu'en mai 1945. croyant qu'il ne s'agissait que d'une légende urbaine destinée à faire rire les gosses...
Bon, sinon, à propos de l'image ? Euh, non, rien, c'est juste Riri, Warpig et Erel qui partent en mission, rien de plus...

Autre paragraphe à ajouter dans le grand dictionnaire des dernières phrases célèbres, que l'on doit cette fois à Warpig : "Mais, mais... C'est qu'il se traîne salement ce vilain oiseau allem..."

Erel peut en témoigner : même entouré de plein de copains, on se sent méchamment seul au monde quand un FW-190 vient nous renifler les talons...

Mais tous les obus de 20mm que peuvent cracher ces monstrueuses machines teutonnes (et ça en fait un paquet, croyez-moi, et c'est d'autant plus flippant qu'il en suffit d'un ou deux pour découper une aile à un Spit, une tête à un pilote, voire les deux à la fois) n'empêcheront pas la glorieuse Royal Navy d'accomplir sa mission : faire taire les batteries d'artillerie qui pilonnent les rampants. Là, Gnou s'apprêtent à passer la deuxième couche sur un site déjà passablement amoché par ses petits camarades.

Pas plus que cela n'empêchera Gnou et Partizan d'asticoter leurs camarades de la Luftwaffe. Bon, là, on sent bien qu'il y a un ailier qui crève d'envie de griller la priorité à son leader, mais par bonté d'âme, nous ne dévoilerons pas ici qui était le leader et qui était l'ailier, même s'il est toujours plaisant de salir la réputation d'un odieux bouffeur de quenelles.
Mission 8

Septembre 1943. L'opération Avalanche a été déclenchée, ce qui signifie grosso modo : "la routine, mais cette fois sur le continent". C'est qu'ils bossent dur, les petits Alliés... La Sicile est d'ores et déjà devenue le lieu de villégiature des officiers tandis que les troupes prennent possession de la Botte (quel talon !). Ce jour là, le 887e Squadron file un coup de main pour la prise de contrôle d'un aérodrome. Péter les colonnes de blindés allemandes à la bombe (et les rares "chars" italiens gardés en souvenir par le Reich à la 12,7, pas besoin de plus...) et protéger leurs homologues britanniques dans leur progression, telle est la tâche du jour. "On a dit : pas taper les ponts !!!" Rhôôôô Pffff...

Comme d'habitude, 2Pattes expédie vite-fait bien-fait sa mission au sol ("J'ai placé tout de suite mes deux bombes directement sur un King Tiger. Ce n'est qu'après que j'ai réalisé qu'il s'agissait d'un olivier en fleurs...") pour mieux se consacrer à la protection des blindés britanniques, plus connue sous le nom de "dézinguage en règles de vieux bimoteurs poussifs".

Il se trouve que parfois, les bimoteurs poussifs ont en guise de chaperons quelques FW-190 qui ne manquent jamais de prélever leur dîme dans l'effectif du 887. Ils s'en tirent rarement à bon compte, toutefois. La preuve avec celui-ci qui, suite aux assauts d'Erel et Partizan, ira s'offrir un bain dans la Méditerranée. Il a de la chance, elle est bonne, en cette saison.
Mission 9

Dans le langage courant, cela s'appelle un "baroud d'honneur". La flotte alliée fait trempette tranquillement dans la baie de Salerne et voilà que tout ce que la Luftwaffe compte d'appareils, trapanelles d'entraînement comprises, tente de la transformer attractions pour plongeurs. Heureusement, qui c'est qui veille au grain ce jour-là, hein ? Hein ?
Hein ?
Eh oui : des F4-F de l'US Navy. Ah oui, sinon, pour l'anecdote, il y avait également une poignée de Seafire du 887. Paraîtrait même que certains, parmi lesquels 2Pattes, auraient descendu au moins un des Do-17 qui, ce jour-là, ont tenté de larguer une arme expérimentale sur un navire important de l'Oncle Sam...

Il y en aurait même d'autres, tel Partizan, qui se seraient fait un malin plaisir d'exécuter froidement les misérables Stuka que le feu nourri des défenses anti-aériennes avaient miraculeusement épargnés...

Quant au pilote Nyv, dont la chemise et le goût pour la transgression des ordres laissent penser qu'il doit avoir du sang américain dans les veines, il n'a pas hésité à se poser sur une petite route de campagne pour y ramasser Warpig, qui y faisait du stop, comme une andouille après s'être éjecté de son Seafire découpé par la flak. Une manoeuvre moitié audacieuse, moitié débile qui fera longuement hésiter l'Etat-Major sur la réaction à adopter, entre la médaille et la cour martiale. Finalement, c'est la médaille qui sera officiellement décernée, mais il est désormais devenu clair que le 887 avait besoin de changer d'air. Ca tombait bien : il y avait une destination parfaite pour refroidir leurs ardeurs...
(la suite au prochain num... compte-rendu)