Mission 8bis et 9bis
Lors des rapports de mission l'Etat-Major stipule régulièrement, de façon très sobre, "récupéré" ou "repêché" à propos d'un pilote ayant décidé de faire, respectivement, un peu de trekking ou un brin de trempette plutôt que de se battre courageusement aux côtés de leurs frères d'armes. Mais on n'imagine pas le boulot qu'il y a derrière ces simples mots. Petites images des opérations de sauvetage qui ont permis à quelques pilotes de remonter dans leurs chasseurs plutôt que de croupir dans une geôle putride américaine ou de finir en déjections de crabes repus.
Opération Jumper et Erel
Départ de Malaita pour la mission de sauvetage. Une partie des Zero est chargée de l'escorte et d'assurer la suprématie aérienne au-dessus des lieux d'intervention...
Tandis que quatre autres se posent sur l'île de Tulagi et embarquent à bord d'A6M2-N "Rufe". Trois de ces nobles et racés appareils effectuent un majestueux décollage en formation. Il ne manquait que Partizan, en fait, légèrement en retard. Polonais d'adoption, notre pilote a développé au fil du temps une allergie à l'eau (une pathologie très fréquente dans ce pays) et n'a accepté d'embarquer à bord de son hydravion qu'avec un stock conséquent de Nautamine et une bouée canard.
Au moment où les Rufe s'élancent dans les airs, une paire de F4 s'amuse à titiller les Zero (en l'occurrence, ici, Vaught) restés en protection. Je n'irai pas jusqu'à dire que les Zeke ont appelé leurs camarades à flotteurs à l'aide, mais bon, quand même, pas loin. Les Amerloques se contenteront toutefois de cette petite provocation avant de décamper.
Les Japonais ne tarderont à rencontrer leurs petits frères, alors qu'ils ont les yeux rivés à l'océan à la recherche du pauvre Jumper. Warpig tente de se rassurer en disant que si sa monture est un poil moins aérodynamique que son fidèle A6M2-21, il n'en possède pas moins la même douce paire de canons de 20mm dans les ailes.
Au milieu du combat tournoyant impliquant Zero, Rufe et Wildcat, Riri repère Jumper qui barbote tranquillement. Il amerrit non loin de lui et l'embarque en lui expliquant que la pause baignade est terminée et qu'il est temps de retourner faire la guerre.
Au même moment, un Wildcat luttant âprement avec un Zero s'apprête à couper la trajectoire du Rufe de Warpig... Vous la sentez, là, la belle trajectoire d'interception ?
Une fois encore : il a un Cx d'enclume non carénée, ce Rufe... Mais il a ses deux beaux 20mm...
Là, le Ricain vient de la sentir, la trajectoire d'interception. Un peu tard, certes.
Jumper embarqué, il reste à retrouver Erel. Mais avant, se débarrasser de la chasse ennemie, qui continue de s'agglutiner sur le petit groupe de sauvetage. Bolger s'offre à cette occasion un corps à corps assez torride avec un des P-40 venus prêter main forte aux Wildcat...
Puis c'est au tour d'Erel (qui, comme on peut le voir, n'a jamais cherché à profiter d'être sur la plage pour bronzer, un bon point décerné par l'Etat-Major) de voir arriver son taxi. Partizan, à regret, lui jette sa bouée canard pour lui permettre de grimper plus facilement dans le Rufe.
Retour en formation serrée pour les hydravions...
Jusqu'au retour à Tulagi.
Opération Gnou
Peu de temps après, les hydravions de Tulagi étaient de nouveau sollicités afin de récupérer le Gnou, jugé coupable de désertion (il s'est éjecté d'un Zero en feu alors qui, d'après les témoins, a pu voler pratiquement dix secondes avant d'exploser, autant de temps que ce lâche aurait pu consacrer à éliminer des Américains) et de le faire passer en cour martiale.
Ejecté non loin de la côte nord de Guadalcanal, dans les environs du village de villégiature pour Marines réduit en cendres quelques heures plus tôt, le Gnou doit d'abord être repéré. Une tâche dont s'acquittera le groupe de Zero d'escorte, mené par 2Pattes.
Volontaire pour piloter l'Emily gracieusement mis à disposition, Lampatex est tout excité à l'idée de piloter le gros quadrimoteur. Tellement excité qu'il fond un câble, ignore la piste d'atterrissage de Tulagi et se pose sur la minuscule île en face, avant de courir rejoindre le H8K1 à la nage.
Nyv et Bolger montent eux à bord de Rufe pour escorter l'Emily et le supplanter au besoin. Pas qu'on n'a pas confiance, hein, mais bon, prudence, prévoyance, tout ça...
Tex arrache son monstre marin des eaux du Pacifique alors que plus au sud, Bed annonce à la radio avoir repéré Gnou...
Arrivés sur site, et tandis que les Zero assurent la protection haute – voire stratosphérique... – les Rufe aperçoivent plusieurs unités d'infanterie, dont quelques véhicules blindés, converger vers le lieu d'extraction du pilote éjecté. Nyv et Bolger mitraillent les yankee avant qu'ils n'atteignent le Gnou.
Plus ou moins volontairement (on cherche encore à le déterminer), Nyv expérimente un nouveau type d'attaque, inspirée du pseudo sport américain le plus décadent : le bowling. En raclant juste ce qu'il faut son flotteur principal afin qu'il s'arrache délicatement, il ne fut pas loin de signer un strike sur ces bidasses.
Heureusement, pendant que certains s'amusent, d'autres font le boulot, puisque l'Emily, comme on peut le voir au fond, vient de se poser à proximité de la plage.
Une fois les gaz à zéro, Tex n'hésite pas à emprunter la mitrailleuse dorsale pour couvrir la montée de Gnou à bord de l'hydravion.
Alors que l'Emily repart, sa précieuse cargaison embarquée, vers Tulagi, des F4F viennent jouer les trouble-fêtes. Mais l'escorte veille. Bed se charge de découper celui-là avec minutie.
Erel, lui, opte pour la méthode dite de l'intoxication au plomb du pilote, qui marche tout aussi bien.
Petit passage par Tulagi où la cargaison est déposée, et où Tex et Nyv en profite pour repartir sur deux nouveaux Rufe. C'est là que Nyv se dit que, finalement, son précédent modèle customisé lui plaisait plus.
Qu'à cela ne tienne : Tex est toujours prêt à rendre service. "Tu vas voir qu'en plus, comme ça, il sera possible de les poser sur la piste de Malaita, au lieu de se taper tout le chemin depuis la plage..."
Perdu ! Les quatre phalanges du pilote ont été envoyées à sa femme, auprès de laquelle il pourra les retrouver à son retour au pays. Enfin, si le concept d'attaques kamikazes ne sont pas inventées d'ici là, bien sûr.
Guadalcanal - Chroniques de sauveteurs
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Dans le cochon, tout est con...
Re: Guadalcanal - Chroniques de sauveteurs
Encore un bien beau compte-rendu, Warpig, merci.
Et quelques images particulièrement inspirées, accompagnées d'un texte collant parfaitement.
À se demander comment nos reporters de guerre parviennent à être aussi près des combats.
Et quelques images particulièrement inspirées, accompagnées d'un texte collant parfaitement.
À se demander comment nos reporters de guerre parviennent à être aussi près des combats.
Lu un jour au détour d'un compte-rendu de mission de Riri :
"pire encore ils nous seraient tombé dessus par en dessous !!! "
Michel Audiard a encore de dignes successeurs.
"pire encore ils nous seraient tombé dessus par en dessous !!! "
Michel Audiard a encore de dignes successeurs.
- AV_Lampatex
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Re: Guadalcanal - Chroniques de sauveteurs
SUperbe compte rendus de deux missions mémorables
J'en rigole encore
J'en rigole encore
Aussi bon que les gars du Kościuszko Squadron ... c'est beau de rever !!!
Light travels faster than the speed of sound, this is why some people tend to appear bright, until they decide to speak.
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