Campagne Groupe Alsace - Chapitre 3
Publié : 15 nov. 2025, 19:07
Rapport de campagne - Alsace
Previously, in the Autruches Volantes…
Alors que la guerre fait rage et que plus de la moitié de l’année 1943 s’est écoulée, les membres du groupe Alsace se sont fait un nom. Ceux qui ne les connaissent que de réputation tremblent à leur simple évocation. Ceux qui ont croisé leur route dans les cieux peinent à trouver les mots pour les décrire. « Imprévisibles », « dangereux », « mortels » sont ceux parfois bredouillés par une partie d’entre eux, la mâchoire serrée. La légende dit qu’après les avoir rencontrés là-haut, de nombreux pilotes ont demandé une mutation dans l’infanterie…
Et il paraît que les pilotes allemands en ont entendu parler une fois ou deux aussi, au mess.
Mais ce caractère intrépide se paye. Les pertes au sein de l’effectif s’accumulent avec les mois qui passent. Les plus chanceux se retrouvent aux bons soins de Lady McWorcestershire. La jeune infirmière, devenue assistante du docteur Helmut Von Wurstenstein, a gagné en assurance et est désormais capable de pratiquer une amputation sans quitter des yeux son séduisant mentor. Derrière son monocle, le regard lourd et perçant du docteur lui procure d’intenses tressaillements qu’elle n’avait guère connus que lors des promenades dans le jardin du château familial avec son cousin le Duc de Mouthbath.
CHAPITRE 3
C’est de la bombe
Mission 7
« Rodeo Calais Boulogne Saint Omer »
14 juillet 1943
Manston, 15h

En ce jour de fête nationale, qui sera sans doute célébrée par tous les Français pour peu qu’ils ne soient pas en France, les pilotes du groupe Alsace étrennent leur nouvelle monture. Le fleuron de la RAF : le Spitfire Mk IX. Et pour cela, quoi de mieux qu’une mission de chasse libre au-dessus du nord de la France ?

Ainsi, 8 appareils décollent et traversent la Manche pour montrer les muscles.
Attendez… Le cerveau, c’est un muscle ? J’ai un doute…

Et ça ne traînera pas : les pom-pom girls de Saint-Omer viennent à la rencontre des Spit neufs (vous l’avez ? Vous l’avez ? Non, parce que j’ai l’impression que la dernière fois, personne n’avait capté, alors à ce compte-là, autant recycler les vannes plutôt qu’en inventer de nouvelles, bande de moules.)
Vaught, le désormais inamovible leader de l’escadrille, tente une nouvelle technique, dite « de la tête dans le sable » et pique en espérant que les ennemis ne le verront pas. C’est ça d’être leader : « jamais devant, toujours vivant ».

Mais non, bien sûr que c’est une feinte. La preuve : quelques instants plus tard, il poinçonne ce 109 qui, peu parès, perdra son aile dans un virage un peu serré.

En attendant, et au lieu de regarder Vaught avec admiration et le féliciter à chacun de ses kills, comme un bon ailier est supposé le faire (et avec le sourire), Erel en épluche un autre, qui sème l’une de ses profondeurs aux quatre vents.

Setzer fait mordre la poussière à son adversaire, et là, on se dit commence à se dire que cette mission se déroule un peu trop bien. Ça devient louche…

Ah ben voilà, il était là, le piège : un Bf-109 vient en aide à son camarade et Vaught passe de chasseur à proie. On est à deux doigts de sortir la stèle pour le leader, mais en fait non. Vaught breake si fort qu’un bout de son intestin grêle lui est ressorti par l’oreille gauche, mais il s’en sort.

Mieux que ça, même… Setzer poursuit l’Allemand qui chasse le Spit de Vaught, parti en « RTB dentelle ». Il finira par endommager le moteur du Messerschmitt et…

Vous le voyez, tirer sur le manche pour éviter l’arbre, là, hein ? Comme quoi, si Erel ne lui avait pas arraché une demi-profondeur, peut-être aurait-il pu se poser en rase campagne, alors que là…

Alors que là, il fait une dernière victime, un frêne de 58 ans, arraché à sa famille à quelques années de la retraite. Foutue guerre.

Vaught ayant initié son RTB dentelle, Warpig reprend le lead. Direction Boulogne pour la suite de la mission. Bon, d’accord, le regroupement qui s’ensuit est chaotique. Mais malgré tout, on peut dire qu’à ce stade, tout se passe plutôt bien, non ?
Alors pourquoi on a encore cette boule dans la gorge ?

C’est là que commence l’opération « Bravo les cons ». Regroupement chaotique, donc. Et Boulogne comme point tournant avant de longer la côte.
Warpig, Erel et Kahuette croisent une paire d’appareils qui vole vers le nord.
- Nos copains Spit volent en paire.
- Nos copains Spit volent vers le nord.
- Donc cette paire d’appareils qui vole vers le nord, ce sont des copains.
Ça, ça s’appelle un sophisme, et c’est la phase 1 de l’opération « Bravo les cons ».
« Marrant, de loin, on aurait dit des Focke-Wulfe, hahaha ils m’ont fait peur ces andouilles ! »

Sauf que les deux andouilles, ce sont Gunther et Hans, qui ont décollé de Berck.
« Hans, tu as vu ? Ils ne nous engagent pas, ils pensent qu’on est des leurs.
- Continue tout droit, prend un air innocent. Vole l’air décontracté. Aie l’air anglais.
- Vell, vell, mein tailor ist rich.
- Und Gott save die Queen, Ja, ja, euh yes, yes… »

Les deux « invités » déposent Warpig, Erel et Kahuette.
« Bah alors, les gars ? Elles filent, vos trapanelles ! Qu’est-ce-que vous avez mis dans leur réservoir ? Du schnaps ? Mouhahaha ! »
Biais cognitif et merde dans les yeux composent la phase 2 de l’opération « Bravo les cons ».

La phase 3, hélas, c’est celle au cours de laquelle Gunther et Hans exécutent d’abord Setzer, ici, puis Kangoo dans les secondes de confusion qui suivront.

Gunther et Hans ne s’en tireront pas à si bon compte, et malgré leurs excellentes imitations de pilotes anglais, leur habile couverture a sauté quand leurs obus ont déchiqueté nos beaux Spit neufs tout IX (wink, wink, c’est bon vous l’avez là, où j’en remets une louche plus tard ?). Riri envoie Gunther au tapis et, quelques instants plus tard, Erel enverra Hans lui tenir compagnie dans la Manche.
Le groupe, un peu honteux, part en RTB.

Retour à Manston. Et là, on pourrait croire qu’il s’agit de Riri, grand habitué de l’oubli de la sortie du train d’atterrissage, qui se présente sur la piste. Mais en fait non. Là, c’est Kahuette. Riri, quand on lui dit à la radio qu’il n’a pas son train sorti, il pousse un juron, remet les gaz et refait un tour…

Mais pas Kahuette. Les mécanos, qui ont vu l’état de l’appareil de Vaught quelques dizaines de minutes plus tôt, commencent à évoquer la possibilité de se syndiquer.
Mission 8
« Training Bombing et straffing »
6 septembre 1943
Manston, 14h.
« Vous saviez qu’en plus d’être un excellent chasseur, le Spitfire Mk IX dispose d’excellentes capacités de soutien au sol ? » Ah ben voilà, elle était là, la douille. Alors que l’été s’achève, le haut commandement a estimé qu’il était temps de (dé)former les pilotes du groupe Alsace et de leur faire potasser les fondamentaux du bombardement et du mitraillage au sol. Une tâche qui, comme vous l’imaginez, enchante l’escadron.

Pour Kahuette, l’heure est également de s’entraîner au lead. Kahuette, qui depuis la dernière mission a visiblement tellement peur d’oublier de sortir son train avant l’atterrissage qu’elle décide de ne pas le rentrer. Il fallait y penser.

L’escadron compte également une nouvelle recrue, Basox, dont la grande passion est de voler les cheveux au vent.

7 beaux Spitfire IX (moins ceux retapés par les mécanos comme ils le pouvaient après la mission 7) se dirigent donc vers le site d’entraînement, où leur mission consistera à larguer des bombinettes dans des jolies cibles en forme de trèfle et à coller du plomb sur des camions démodés.

Kahuette dans ses œuvres… Mettre la bombe dans la cible : check. Par contre, le dégagement par la gauche, qui n’était pas la partie la plus compliquée de l’exercice, ce n’est pas une franche réussite.

Au terme d’une séance de bombardement qu’il ne serait pas exagéré de qualifier de « succès notable », l’exercice se poursuit avec le straffing. Avec ici, Setzer qui s’illustre. La note artistique, ça compte aussi, et il faut croire que revenir avec de la terre dans le carbu, ça fait monter la note artistique.

Alors qu’Erel se présente et… ouais, mollo sur la note artistique, les enfants. Vous savez que si vous ne voulez pas retourner au-dessus de la France, s’auto-amputer un orteil est une méthode bien plus sûre ?

Derrière Riri, au premier plan et en plissant les yeux, on peut distinguer Kangoo en train de faire feu. En si vous plissez encore un peu plus (non, là, c’est trop, vous avez les yeux fermés, cessez vos enfantillages), vous pourrez constater qu’une approche de straffing extrêmement plate est non seulement bonne pour la note artistique, mais elle octroie de surcroît une chance non négligeable de faire ricocher des obus jusque dans l’appareil qui vous précède, et à bord duquel se trouve cet enfoiré de leader qui vous a piqué votre part de plum pudding au mess ce midi, mais ce n’est qu’une pure coïncidence, bien évidemment.
Bref, après de nombreuses passes, les pilotes du groupe Alsace ont prouvé qu’ils étaient équitablement dangereux dans le combat aérien et le soutien au sol (le rapport ne stipule pas dangereux pour qui, mais on chipote) et rentrent à Manston. Et ça tombe bien, car de la terre à labourer, il va y en avoir des hectares dans les mois à venir.
Mission 9
« Noball »
23 décembre1943
Manston, 10h.
C’est bientôt noël. Alors l’état-major fait un joli cadeau à l’escadre : une sortie bucolique au-dessus de la campagne française, dans une masse d’air fraîche, dynamique et vivifiante. « Ah, et au passage, et puisque vous passerez pas loin, vous aurez la gentillesse de larguer des bombes sur les rampes de lancement de bombes volantes de la région. Les bombes volantes ? Oh, c’est une nouvelle invention des Allemands, ils en balancent sur Londres. Les sites ? Oh, vous les reconnaîtrez facilement, la Résistance nous a signalé qu’ils sont truffés de flak. Si vous ne les trouvez pas, eux, ils vous trouveront. Allez, joyeux noël, hein ! »

Emmené par Vaught, le leader suprême-bien-aimé-inamovible de l’escadron, le groupe se dirige vers la France. Dans son rapport, l’un des pilotes, un certain W., présente ainsi la situation :
« Le plafond est bas, le vent nous ballote dans tous les sens et pour couronner le tout, on part titiller les zones probablement les plus défendues de Normandie. Et avec des bombes sous les ailes. Ça ressemble à un bingo de la lose. »
“♫ Jingle Bells, Jingle Bells, Jingle all the…♪ non, personne ?”

La côte a été franchie il y a quelques minutes à peine. Le groupe White, composé de Warpig, Nyv et Basox, ferme la marche et… « Tiens ? On est 4 maintenant, dans le groupe White ? »

Ayant tiré les enseignements de l’opération « Bravo les cons », le groupe déduit que quelque chose cloche et consigne est donnée de larguer les bombes pour engager les intrus.

Toujours dans son rapport, le pilote W. raconte (oui, je recycle, y a un problème ?) :
« Bon, c'est du Focke Wulfe. On a breaké avec 500 kg de bombes sous le bide. Et il file désormais vers le nord-ouest. Autant dire que nos chances de le rattraper sont à peu près celles de Winston Churchill de battre Jesse Owens sur un 100 mètres. Quelques instants plus tard, j'ordonne un demi-tour. C'est la 2e fois qu'un 190 se barre sans se battre. Pas drôle. »
Bon, en vrai, Winston Churchill n’aurait sans doute pas amélioré ses chances s’il avait couru avec une bombe de 250 livres sous le bras gauche, mais c’est une autre histoire.

Un peu plus tard, et plus loin dans les terres, le groupe Blue repère un truc bizarre au sol…
« Fausse alerte ! C’est un toboggan géant ! »
Hmmmm… Un toboggan géant fortement défendu par la flak ? En fait, c’est peut-être bien l’objectif de cette mission.
Mais ces Allemands qui lancent des bombes volantes depuis des toboggans géants ? On a trop tiré sur le cointreau, ou cette guerre prend des allures un peu cheloues ?

Kahuette est la première à faire les frais du comité d’accueil. Son Spit truffé de shrapnel va rapidement finir sa course dans la campagne normande.

Vous vous rappelez, tous ces pilotes qui plaçaient consciencieusement leurs bombes dans le joli trèfle lors de l’entraînement quelques semaines plus tôt sur le sol britannique ? Eh bien leur taux de réussite s’amoindrit notablement avec les mains moites, le nœud à l’estomac et le bon litre d’huile de sillon inter-fessier qui s’écoule dans leur combinaison…

C’est finalement Kangoo qui s’approchera le plus de la cible et qui, à défaut de la détruire, parviendra néanmoins à l’endommager.
Bon, par contre, c’est dommage : personne n’a songé à lui dire que pour échapper à la flak, aller chatouiller la cime des arbres après une passe est plus efficace que tirer sur le manche pour faire une ressource de déglingué…

Mais maintenant, au moins, il le sait.
Plus de bombes, et un appareil qui ne semble rester d’un seul tenant que par un étrange mélange de volonté du Saint-Esprit et de magie vaudou, voilà deux bonnes raisons pour amorcer un RTB fissa.

Dans son rapport, W. poursuit :
« Après leur attaque, on essaie de couvrir le retour des Blue. J'entends qu'un Ju-52 est présent sur site, près de la côte. Là, je crois l'identifier, au loin. "Parfait", me dis-je, "il va prendre pour l'autre connard de couard qui courre vite". »
À mesure que la cible se rapproche, elle ressemble toutefois de moins en moins à une tante Ju…

Mais comme on dit dans la RAF : « à Teuton offert, on ne regarde pas le nombre de culasses. » Hein ? On le dit pas ? Ben on devrait.

Peu après, Nyv abat l’ailier du Focke-Junkers-Wulfe-19052, qui s’était mis en tête de pourchasser Erel. Ce dernier se croit d’ailleurs engagé, mais en réalité, ce sont bel et bien les traçantes de Nyv (en tout cas celles qui ne terminent pas leur course dans l’appareil allemand) qu’il voit passer près de sa tête et qui viennent concrètement de lui sauver la peau.

Cette fois, le ciel est clair, et les rescapés de la surprise de noël arrivent en vue de l’Angleterre.

Kangoo, qui n’en revient toujours pas que son appareil ne s’est pas disloqué au-dessus de la Manche, ramène son épave. Non sans se dire qu’il suffira peut-être de simplement effleurer un brin d’herbe avec son train pour que la magie cesse d’opérer. Mais non : le brave Spit conservera sa surprenante « intégrité » jusqu’au bout.

Vous savez ce qui fait plus peur qu’une « toupie de la peur » à l’atterrissage ? Une toupie de la peur au cours de laquelle, à l’approche des 180° de rotation, vous voyez le Spit de Nyv en finale vous arriver droit dans la truffe.
Heureusement, plus de peur, de jurons et de petits chapelets de crottes au fond de la combinaison que de mal…
Bilan de la journée : 3 appareils perdus, 1 seul site traité sur les… euh… nombreux potentiels dans la région. Et le site n’a pas été détruit, mais seulement endommagé. Ce qui n’empêche pas l’état-major de qualifier la sortie de « succès ». Alors soit l’EM s’est fait une raison et a déplacé la barre très bas, soit quelqu’un chez eux a pris conscience qu’à force d’envoyer ces petits gars servir de pigeons d’argile pour les servants de flak allemands, le prochain cas de tir ami, bien qu’extrêmement rare en opération, pourrait bien atterrir ailleurs que dans un Typhoon la prochaine fois. Et qu’il s’agirait de les ménager un peu.
Coming soon, in the Autruches Volantes…
« Magnez-vous ! Chargez tout ça à bord ! Saucisson ? Check ! Caisse de pinuche ? Check ! On est bons, on peut repartir !
- Non, attendez, vous oubliez votre pilote ! »
(…)
« On le traque depuis l’Amérique Latine. On l’a trouvé. On va le défoncer. »
*clameur dans la salle*
(…)
« Oh, docteur Von Wurstenstein, vous savez que je partage vos sentiments à mon égard, mais vous êtes mon supérieur hiérarchique, et de 35 ans mon aîné de surcroît. Notre amour est impossible !
- Ja, ja, Lady McWorcestershire, je comprends. Mais tout ce que je vous demandais, c’était une compresse. »
(…)
« Ouais ! On va le défoncer ce petit fumier ! Où est-ce qu’il est ?
- En rade de Cherbourg.
…
…
…
- C’est moi ou une mouche vient de péter ? »
(…)
« Je l’ai touché, je l’ai touché !
- T’as touché quoi ?
- Un… Je, jeeeeuuuhhh crois que, euh… Je crois que c’était un Fwit.
- Un quoi ? »
Previously, in the Autruches Volantes…
Alors que la guerre fait rage et que plus de la moitié de l’année 1943 s’est écoulée, les membres du groupe Alsace se sont fait un nom. Ceux qui ne les connaissent que de réputation tremblent à leur simple évocation. Ceux qui ont croisé leur route dans les cieux peinent à trouver les mots pour les décrire. « Imprévisibles », « dangereux », « mortels » sont ceux parfois bredouillés par une partie d’entre eux, la mâchoire serrée. La légende dit qu’après les avoir rencontrés là-haut, de nombreux pilotes ont demandé une mutation dans l’infanterie…
Et il paraît que les pilotes allemands en ont entendu parler une fois ou deux aussi, au mess.
Mais ce caractère intrépide se paye. Les pertes au sein de l’effectif s’accumulent avec les mois qui passent. Les plus chanceux se retrouvent aux bons soins de Lady McWorcestershire. La jeune infirmière, devenue assistante du docteur Helmut Von Wurstenstein, a gagné en assurance et est désormais capable de pratiquer une amputation sans quitter des yeux son séduisant mentor. Derrière son monocle, le regard lourd et perçant du docteur lui procure d’intenses tressaillements qu’elle n’avait guère connus que lors des promenades dans le jardin du château familial avec son cousin le Duc de Mouthbath.
CHAPITRE 3
C’est de la bombe
Mission 7
« Rodeo Calais Boulogne Saint Omer »
14 juillet 1943
Manston, 15h

En ce jour de fête nationale, qui sera sans doute célébrée par tous les Français pour peu qu’ils ne soient pas en France, les pilotes du groupe Alsace étrennent leur nouvelle monture. Le fleuron de la RAF : le Spitfire Mk IX. Et pour cela, quoi de mieux qu’une mission de chasse libre au-dessus du nord de la France ?

Ainsi, 8 appareils décollent et traversent la Manche pour montrer les muscles.
Attendez… Le cerveau, c’est un muscle ? J’ai un doute…

Et ça ne traînera pas : les pom-pom girls de Saint-Omer viennent à la rencontre des Spit neufs (vous l’avez ? Vous l’avez ? Non, parce que j’ai l’impression que la dernière fois, personne n’avait capté, alors à ce compte-là, autant recycler les vannes plutôt qu’en inventer de nouvelles, bande de moules.)
Vaught, le désormais inamovible leader de l’escadrille, tente une nouvelle technique, dite « de la tête dans le sable » et pique en espérant que les ennemis ne le verront pas. C’est ça d’être leader : « jamais devant, toujours vivant ».

Mais non, bien sûr que c’est une feinte. La preuve : quelques instants plus tard, il poinçonne ce 109 qui, peu parès, perdra son aile dans un virage un peu serré.

En attendant, et au lieu de regarder Vaught avec admiration et le féliciter à chacun de ses kills, comme un bon ailier est supposé le faire (et avec le sourire), Erel en épluche un autre, qui sème l’une de ses profondeurs aux quatre vents.

Setzer fait mordre la poussière à son adversaire, et là, on se dit commence à se dire que cette mission se déroule un peu trop bien. Ça devient louche…

Ah ben voilà, il était là, le piège : un Bf-109 vient en aide à son camarade et Vaught passe de chasseur à proie. On est à deux doigts de sortir la stèle pour le leader, mais en fait non. Vaught breake si fort qu’un bout de son intestin grêle lui est ressorti par l’oreille gauche, mais il s’en sort.

Mieux que ça, même… Setzer poursuit l’Allemand qui chasse le Spit de Vaught, parti en « RTB dentelle ». Il finira par endommager le moteur du Messerschmitt et…

Vous le voyez, tirer sur le manche pour éviter l’arbre, là, hein ? Comme quoi, si Erel ne lui avait pas arraché une demi-profondeur, peut-être aurait-il pu se poser en rase campagne, alors que là…

Alors que là, il fait une dernière victime, un frêne de 58 ans, arraché à sa famille à quelques années de la retraite. Foutue guerre.

Vaught ayant initié son RTB dentelle, Warpig reprend le lead. Direction Boulogne pour la suite de la mission. Bon, d’accord, le regroupement qui s’ensuit est chaotique. Mais malgré tout, on peut dire qu’à ce stade, tout se passe plutôt bien, non ?
Alors pourquoi on a encore cette boule dans la gorge ?

C’est là que commence l’opération « Bravo les cons ». Regroupement chaotique, donc. Et Boulogne comme point tournant avant de longer la côte.
Warpig, Erel et Kahuette croisent une paire d’appareils qui vole vers le nord.
- Nos copains Spit volent en paire.
- Nos copains Spit volent vers le nord.
- Donc cette paire d’appareils qui vole vers le nord, ce sont des copains.
Ça, ça s’appelle un sophisme, et c’est la phase 1 de l’opération « Bravo les cons ».
« Marrant, de loin, on aurait dit des Focke-Wulfe, hahaha ils m’ont fait peur ces andouilles ! »

Sauf que les deux andouilles, ce sont Gunther et Hans, qui ont décollé de Berck.
« Hans, tu as vu ? Ils ne nous engagent pas, ils pensent qu’on est des leurs.
- Continue tout droit, prend un air innocent. Vole l’air décontracté. Aie l’air anglais.
- Vell, vell, mein tailor ist rich.
- Und Gott save die Queen, Ja, ja, euh yes, yes… »

Les deux « invités » déposent Warpig, Erel et Kahuette.
« Bah alors, les gars ? Elles filent, vos trapanelles ! Qu’est-ce-que vous avez mis dans leur réservoir ? Du schnaps ? Mouhahaha ! »
Biais cognitif et merde dans les yeux composent la phase 2 de l’opération « Bravo les cons ».

La phase 3, hélas, c’est celle au cours de laquelle Gunther et Hans exécutent d’abord Setzer, ici, puis Kangoo dans les secondes de confusion qui suivront.

Gunther et Hans ne s’en tireront pas à si bon compte, et malgré leurs excellentes imitations de pilotes anglais, leur habile couverture a sauté quand leurs obus ont déchiqueté nos beaux Spit neufs tout IX (wink, wink, c’est bon vous l’avez là, où j’en remets une louche plus tard ?). Riri envoie Gunther au tapis et, quelques instants plus tard, Erel enverra Hans lui tenir compagnie dans la Manche.
Le groupe, un peu honteux, part en RTB.

Retour à Manston. Et là, on pourrait croire qu’il s’agit de Riri, grand habitué de l’oubli de la sortie du train d’atterrissage, qui se présente sur la piste. Mais en fait non. Là, c’est Kahuette. Riri, quand on lui dit à la radio qu’il n’a pas son train sorti, il pousse un juron, remet les gaz et refait un tour…

Mais pas Kahuette. Les mécanos, qui ont vu l’état de l’appareil de Vaught quelques dizaines de minutes plus tôt, commencent à évoquer la possibilité de se syndiquer.
Mission 8
« Training Bombing et straffing »
6 septembre 1943
Manston, 14h.
« Vous saviez qu’en plus d’être un excellent chasseur, le Spitfire Mk IX dispose d’excellentes capacités de soutien au sol ? » Ah ben voilà, elle était là, la douille. Alors que l’été s’achève, le haut commandement a estimé qu’il était temps de (dé)former les pilotes du groupe Alsace et de leur faire potasser les fondamentaux du bombardement et du mitraillage au sol. Une tâche qui, comme vous l’imaginez, enchante l’escadron.

Pour Kahuette, l’heure est également de s’entraîner au lead. Kahuette, qui depuis la dernière mission a visiblement tellement peur d’oublier de sortir son train avant l’atterrissage qu’elle décide de ne pas le rentrer. Il fallait y penser.

L’escadron compte également une nouvelle recrue, Basox, dont la grande passion est de voler les cheveux au vent.

7 beaux Spitfire IX (moins ceux retapés par les mécanos comme ils le pouvaient après la mission 7) se dirigent donc vers le site d’entraînement, où leur mission consistera à larguer des bombinettes dans des jolies cibles en forme de trèfle et à coller du plomb sur des camions démodés.

Kahuette dans ses œuvres… Mettre la bombe dans la cible : check. Par contre, le dégagement par la gauche, qui n’était pas la partie la plus compliquée de l’exercice, ce n’est pas une franche réussite.

Au terme d’une séance de bombardement qu’il ne serait pas exagéré de qualifier de « succès notable », l’exercice se poursuit avec le straffing. Avec ici, Setzer qui s’illustre. La note artistique, ça compte aussi, et il faut croire que revenir avec de la terre dans le carbu, ça fait monter la note artistique.

Alors qu’Erel se présente et… ouais, mollo sur la note artistique, les enfants. Vous savez que si vous ne voulez pas retourner au-dessus de la France, s’auto-amputer un orteil est une méthode bien plus sûre ?

Derrière Riri, au premier plan et en plissant les yeux, on peut distinguer Kangoo en train de faire feu. En si vous plissez encore un peu plus (non, là, c’est trop, vous avez les yeux fermés, cessez vos enfantillages), vous pourrez constater qu’une approche de straffing extrêmement plate est non seulement bonne pour la note artistique, mais elle octroie de surcroît une chance non négligeable de faire ricocher des obus jusque dans l’appareil qui vous précède, et à bord duquel se trouve cet enfoiré de leader qui vous a piqué votre part de plum pudding au mess ce midi, mais ce n’est qu’une pure coïncidence, bien évidemment.
Bref, après de nombreuses passes, les pilotes du groupe Alsace ont prouvé qu’ils étaient équitablement dangereux dans le combat aérien et le soutien au sol (le rapport ne stipule pas dangereux pour qui, mais on chipote) et rentrent à Manston. Et ça tombe bien, car de la terre à labourer, il va y en avoir des hectares dans les mois à venir.
Mission 9
« Noball »
23 décembre1943
Manston, 10h.
C’est bientôt noël. Alors l’état-major fait un joli cadeau à l’escadre : une sortie bucolique au-dessus de la campagne française, dans une masse d’air fraîche, dynamique et vivifiante. « Ah, et au passage, et puisque vous passerez pas loin, vous aurez la gentillesse de larguer des bombes sur les rampes de lancement de bombes volantes de la région. Les bombes volantes ? Oh, c’est une nouvelle invention des Allemands, ils en balancent sur Londres. Les sites ? Oh, vous les reconnaîtrez facilement, la Résistance nous a signalé qu’ils sont truffés de flak. Si vous ne les trouvez pas, eux, ils vous trouveront. Allez, joyeux noël, hein ! »

Emmené par Vaught, le leader suprême-bien-aimé-inamovible de l’escadron, le groupe se dirige vers la France. Dans son rapport, l’un des pilotes, un certain W., présente ainsi la situation :
« Le plafond est bas, le vent nous ballote dans tous les sens et pour couronner le tout, on part titiller les zones probablement les plus défendues de Normandie. Et avec des bombes sous les ailes. Ça ressemble à un bingo de la lose. »
“♫ Jingle Bells, Jingle Bells, Jingle all the…♪ non, personne ?”

La côte a été franchie il y a quelques minutes à peine. Le groupe White, composé de Warpig, Nyv et Basox, ferme la marche et… « Tiens ? On est 4 maintenant, dans le groupe White ? »

Ayant tiré les enseignements de l’opération « Bravo les cons », le groupe déduit que quelque chose cloche et consigne est donnée de larguer les bombes pour engager les intrus.

Toujours dans son rapport, le pilote W. raconte (oui, je recycle, y a un problème ?) :
« Bon, c'est du Focke Wulfe. On a breaké avec 500 kg de bombes sous le bide. Et il file désormais vers le nord-ouest. Autant dire que nos chances de le rattraper sont à peu près celles de Winston Churchill de battre Jesse Owens sur un 100 mètres. Quelques instants plus tard, j'ordonne un demi-tour. C'est la 2e fois qu'un 190 se barre sans se battre. Pas drôle. »
Bon, en vrai, Winston Churchill n’aurait sans doute pas amélioré ses chances s’il avait couru avec une bombe de 250 livres sous le bras gauche, mais c’est une autre histoire.

Un peu plus tard, et plus loin dans les terres, le groupe Blue repère un truc bizarre au sol…
« Fausse alerte ! C’est un toboggan géant ! »
Hmmmm… Un toboggan géant fortement défendu par la flak ? En fait, c’est peut-être bien l’objectif de cette mission.
Mais ces Allemands qui lancent des bombes volantes depuis des toboggans géants ? On a trop tiré sur le cointreau, ou cette guerre prend des allures un peu cheloues ?

Kahuette est la première à faire les frais du comité d’accueil. Son Spit truffé de shrapnel va rapidement finir sa course dans la campagne normande.

Vous vous rappelez, tous ces pilotes qui plaçaient consciencieusement leurs bombes dans le joli trèfle lors de l’entraînement quelques semaines plus tôt sur le sol britannique ? Eh bien leur taux de réussite s’amoindrit notablement avec les mains moites, le nœud à l’estomac et le bon litre d’huile de sillon inter-fessier qui s’écoule dans leur combinaison…

C’est finalement Kangoo qui s’approchera le plus de la cible et qui, à défaut de la détruire, parviendra néanmoins à l’endommager.
Bon, par contre, c’est dommage : personne n’a songé à lui dire que pour échapper à la flak, aller chatouiller la cime des arbres après une passe est plus efficace que tirer sur le manche pour faire une ressource de déglingué…

Mais maintenant, au moins, il le sait.
Plus de bombes, et un appareil qui ne semble rester d’un seul tenant que par un étrange mélange de volonté du Saint-Esprit et de magie vaudou, voilà deux bonnes raisons pour amorcer un RTB fissa.

Dans son rapport, W. poursuit :
« Après leur attaque, on essaie de couvrir le retour des Blue. J'entends qu'un Ju-52 est présent sur site, près de la côte. Là, je crois l'identifier, au loin. "Parfait", me dis-je, "il va prendre pour l'autre connard de couard qui courre vite". »
À mesure que la cible se rapproche, elle ressemble toutefois de moins en moins à une tante Ju…

Mais comme on dit dans la RAF : « à Teuton offert, on ne regarde pas le nombre de culasses. » Hein ? On le dit pas ? Ben on devrait.

Peu après, Nyv abat l’ailier du Focke-Junkers-Wulfe-19052, qui s’était mis en tête de pourchasser Erel. Ce dernier se croit d’ailleurs engagé, mais en réalité, ce sont bel et bien les traçantes de Nyv (en tout cas celles qui ne terminent pas leur course dans l’appareil allemand) qu’il voit passer près de sa tête et qui viennent concrètement de lui sauver la peau.

Cette fois, le ciel est clair, et les rescapés de la surprise de noël arrivent en vue de l’Angleterre.

Kangoo, qui n’en revient toujours pas que son appareil ne s’est pas disloqué au-dessus de la Manche, ramène son épave. Non sans se dire qu’il suffira peut-être de simplement effleurer un brin d’herbe avec son train pour que la magie cesse d’opérer. Mais non : le brave Spit conservera sa surprenante « intégrité » jusqu’au bout.

Vous savez ce qui fait plus peur qu’une « toupie de la peur » à l’atterrissage ? Une toupie de la peur au cours de laquelle, à l’approche des 180° de rotation, vous voyez le Spit de Nyv en finale vous arriver droit dans la truffe.
Heureusement, plus de peur, de jurons et de petits chapelets de crottes au fond de la combinaison que de mal…
Bilan de la journée : 3 appareils perdus, 1 seul site traité sur les… euh… nombreux potentiels dans la région. Et le site n’a pas été détruit, mais seulement endommagé. Ce qui n’empêche pas l’état-major de qualifier la sortie de « succès ». Alors soit l’EM s’est fait une raison et a déplacé la barre très bas, soit quelqu’un chez eux a pris conscience qu’à force d’envoyer ces petits gars servir de pigeons d’argile pour les servants de flak allemands, le prochain cas de tir ami, bien qu’extrêmement rare en opération, pourrait bien atterrir ailleurs que dans un Typhoon la prochaine fois. Et qu’il s’agirait de les ménager un peu.
Coming soon, in the Autruches Volantes…
« Magnez-vous ! Chargez tout ça à bord ! Saucisson ? Check ! Caisse de pinuche ? Check ! On est bons, on peut repartir !
- Non, attendez, vous oubliez votre pilote ! »
(…)
« On le traque depuis l’Amérique Latine. On l’a trouvé. On va le défoncer. »
*clameur dans la salle*
(…)
« Oh, docteur Von Wurstenstein, vous savez que je partage vos sentiments à mon égard, mais vous êtes mon supérieur hiérarchique, et de 35 ans mon aîné de surcroît. Notre amour est impossible !
- Ja, ja, Lady McWorcestershire, je comprends. Mais tout ce que je vous demandais, c’était une compresse. »
(…)
« Ouais ! On va le défoncer ce petit fumier ! Où est-ce qu’il est ?
- En rade de Cherbourg.
…
…
…
- C’est moi ou une mouche vient de péter ? »
(…)
« Je l’ai touché, je l’ai touché !
- T’as touché quoi ?
- Un… Je, jeeeeuuuhhh crois que, euh… Je crois que c’était un Fwit.
- Un quoi ? »