Le groupe de Bed, paré à décoller. « Mitrailleuses en bois ? Parées ! Jerrycan d'essence supplémentaires ? Embarqués ! Vessies ? Vidées ! » Ben oui... Pour cette opération, il a fallu alléger au maximum les B-25. Toutes les possibilités ont été explorées et certaines des plus étonnantes furent retenues, notamment celle de remplacer les mitrailleuses par des manches à balai, histoire de faire illusion. En revanche, le petit malin qui a proposé d'enlever les bombes est devenu un professionnel du nettoyage de chiottes...
C'est l'heure ! Les bombardiers s'élancent du pont. C'est que ça décolle tout seul, finalement !
Dans la pâle lueur matinale, la côte japonaise apparaît. D'un délicat coup de botte derrière l'oreille gauche, Warpig réveille son navigateur en douceur... Ce sera bientôt à lui de jouer !
Nyv, à la tête du groupe Red, est le premier à survoler le territoire japonais. Altitude : 15 000 pieds (oui, bon, historiquement, d'autres choix furent faits, mais on s'en fout).
Devant Lampatex : le petit lac indiquant le point tournant de la nav' : à sa verticale, cap 180 et Tokyo sera dans le viseur...
Le groupe Red arrive au point tournant... Virage gauche pour la formation... La fête va pouvoir commencer ! Ah merde ! Il nous manque 20° à droite ! Correction ! Bon, ok, là, elle va pouvoir commencer !
Pas de doute, c'est bel et bien la zone industrielle que notre cher Etat-Major nous a gentiment demandé d'arroser à la bombe de 227 kg. Good Mooooorniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiing Tokyoooooooooo !
Nyv, Warpig, 2Pattes et Riri lâchent leurs œufs et inaugurent ainsi le premier (et le dernier avant longtemps) bombardement du sol japonais. « Désolés, on n'a que de la 227 kg en stock mais promis, la prochaine fois, on tentera de faire mieux ! »
Hein ? Quoi ? C'est limite pas drôle, ça ?
Le groupe Cocotte de Bed, sentant l'approche un peu foireuse, décide de faire un ptit 360 degrés pour reprendre un meilleur axe de bombardement. Soit c'est ça, soit Le leader de l'escadrille avait senti avant tout le monde quelle tournure allait prendre les événements...
Car, un peu contre toute attente, la DCA lourde de la capitale japonaise sort de sa torpeur et commence à aligner... et à aligner qui ? Eh bien le groupe de tête, bien évidemment. Le groupe Red récupère en quelques secondes, et sous forme de shrapnel, presque autant de métal que ce qu'ils viennent de larguer...
Au moins, les paramètres de vol et l'angle de largage étaient bons : les premières bombes explosent au milieu de la zone industrielle...
Et le feu d'artifice va pouvoir se poursuivre, puisque le groupe Cocotte, son petit tour de manège effectué, est prêt à faire sa passe. Le mitrailleur ventral de Bolger voit, surgir hors du ventre de l'appareil, quatre bombes et une bouteille de whisky qu'il a stupidement laissée dans la soute. Et se demande comment il va pouvoir expliquer ça au reste de l'équipage.
La tactique (plutôt inattendue) du bombardement en piqué n'a pas porté chance à Iceman, qui est ainsi devenu le centre de l'attention de tous les servants de dca moyenne...
Un poil à la traîne, le groupe Paco de Partizan arrive enfin sur site... Mais oui, vous inquiétez pas : vu le nombre de cibles potentielles, vous ne ferez pas votre passe pour rien.
Erel commence à comprendre pourquoi la radio commençait à être saturée de commentaires angoissés à propos de la résistance de ce moteur, le trou béant dans cette aile, ou la température de cette eau... « Hmmm... Effectivement, va falloir songer à pas trop traîner dans les parages... »
Sous le ventre du Gnou, les incendies commencent à ravager la zone industrielle. Le sentiment du travail bien fait, quoi. Et pis à l'américaine. Chirurgical. Propre. Des objectifs militaires seulement, bien sûr. Car on pense aux innocents civils, nous les Américains. Si, si.
Warpig et Riri sont privés de leur leader, Nyv, qui a laissé une dérive et un moteur au-dessus de la ville et qui par conséquent traîne un peu la patte. Et ils commencent à faire du mouron pour leur numéro 3... « 2Pattes, t'as un ptit souci, là... » « Euuuuh... Dites les gars, y aurait pas l'un de vous qui connaîtrait la meilleure finesse sur cet appareil, des fois ? »
Lampatex accompagnant son leader, Bed, après l'attaque. Comme beaucoup d'autres, il teste le système de climatisation artisanal « made in Japan » de son B-25.
« Mission sans retour », qu'ils disaient... Une expression à prendre au pied de la lettre pour Pecos, qui va vite devoir expérimenter les capacités de flottaison de son appareil.
2Pattes aura un peu plus de chance... Après un double « PROUF ! » (le célèbre cri du moteur assoiffé), il parviendra péniblement à atteindre, en plané, le rivage d'une petite île à quelques miles nautiques du point d'évacuation. Trempé, mais heureux, il sera récupéré par les forces alliées avant d'être ramené aux USA. En revanche, il semble désormais vacciné contre le bombardement...
Vu de l'USS « Bisounours » ('sont d'un comique, ces pilotes de l'Air Force, je vous jure...), Riri et Warpig se présentent en finale sur « Sunset Boulevard », la piste de fortune sur laquelle ils devront abandonner leurs appareils et de les détruire. Warpig prendra le parti de gagner du camp en enfonçant vigoureusement son train d'atterrissage dans une butte, propulsant son B-25 (enfin, son demi B-25) dans les eaux du Pacifique, avant de s'en extraire, un dinghy attaché autour du cou. Eh ouais, les gars, on est efficace, où on ne l'est pas.
Petit coup de chapeau à Nyv qui pose un avion privé d'une dérive, d'un moteur et de quelques autres bouts de tôle divers et variés. Et le tout sans transpirer.
Voilà, les gars : bon esprit ! Pas besoin de gaspiller de grenades ou de la dynamite pour empêcher les Japs de récupérer ces avions. Comme Warpig, Bed et Lampatex font d'une pierre deux coups... Et emmerdent un peu aussi ceux qui suivent, mais ça, que voulez-vous...
Tiens, d'ailleurs, Bolger esquive avec élégance l'obstacle Lampatex avant de se poser comme une fleur...
… ce qui n'est pas le cas d'Erel, qui courre droit au drame avec son approche trop courte. On notera le stoïcisme du mitrailleur avant qui ne bronche pas devant cet amas de métal qui lui arrive sur la tronche. Quel sang-froid !
Ah oui, tiens, très froid, même...
Gnou ferme la marche... Tout le monde est maintenant prêt à embarquer à bord de... merde, c'est quoi son vrai nom, déjà ? Bref, on s'en fout : à bord de l'USS Bisounours. Pour Erel et Pilax, cela a pris plus de temps que pour les autres. Dispersés sur plusieurs centaines de mètres le long de Sunset Boulevard après leurs atterros virils, il a fallu le courage de plusieurs équipages pour rassembler leurs petits morceaux dans un sac poubelle. La famille appréciera.