8 mai 1942, 10h30. Après la mission rondement menée la veille, au terme de laquelle un porte-avions de l'ignoble marine japonaise fut coulé par notre glorieuse force aéronavale, l'Etat-Major décide de remettre le couvert ! La flotte du vice-Amiral Takagi a été repérée au nord-est. 8 bombardiers légers, escortés par 7 chasseurs vont tâcher d'ajouter un second PA à leur tableau de chasse.

Les SBD de Partizan s'élancent devant les F4 d'escorte. A bord de ces derniers, des pilotes braves, intrépides, talentueux, mais mal-aimés, raillés par les bombers en raison de la petite taille de leurs... bombes. Et pourtant, sans eux rien n'est possible. La preuve en sera encore donnée aujourd'hui.

Pour l'occasion, les Avenger sont, pour la première fois, de sortie afin d'offrir un assortiment de bombes et de torpilles à Takagi. Vicking est à la tête d'un dispositif qui se retrouve bien vite privé de Ralf. On peut voir ce dernier, juste derrière son leader, sur le point de boire un bon gros bouillon salé après que le fils de l'Amiral Fletcher, âgé de deux ans (le fils, pas l'Amiral, bande d'andouilles) ait été aperçu dans le cockpit du TBM, tripatouillant des molettes et des boutons. On ignore ce qu'un enfant de cet âge pouvait bien faire, tant dans un cockpit de warbird que sur un porte-avions en plein conflit mondial. Toujours est-il que sa reconversion en appât pour requin est encore fréquemment évoquée au mess le soir...

Ce groupe d'Avenger est supposé être escorté par Warpig. Le cochon n'étant pas un animal marin, il devait, ce jour-là, être gavé de nautamine avalée à grand renfort de scotch. Car si à ce moment, ses yeux arrivent encore à suivre ses protégés, quelques minutes plus tard, il aura perdu tout visuel sur les Avenger qui filent droit vers leur objectif.

Le trio Bed / Gnou / Iceman part à l'avant de tout le monde... Un sweep qui vise à fixer les défenses de la flotte japonaise. Un bon plan... sur le papier...

La paire 2Pattes / Riri, elle, couve amoureusement les Dauntless du groupe de Partizan qui, comme la veille, attaquera en piqué.

Et, comme quoi la chasse est importante, c'est sur un groupe d'Avenger qui file à basse altitude sans escorte qu'une paire de Zero se jette avidement. Bigbang, puis Will, vont au tapis quasi immédiatement et déjà, Vicking se retrouve seul...
Warpig, qui voit loin, très loin, sur l'horizon, les traçantes japonaises, vient de « retrouver » ses bombardiers à escorter. Un poil tard...

Seul avec ses deux Zero aux fesses, Vicking tente un coup d'éclat et largue sa torpille sur un destroyer d'escorte qui fait rien qu'à zigzaguer pour compliquer encore un peu plus la tâche du Scandinave. Allez, par le travers, c'eût été plus facile, mais c'est pas l'heure de faire la fine bouche...

Hélas, la torpille sera larguée un peu trop tard. L'engin s'enfonce trop, trop près de sa cible, avant de remonter à la surface et passe ainsi sous la proue du destroyer. Le mitrailleur de Vick, dans un ultime sursaut d'héroïsme, enflamme l'un des deux poursuivants avant de céder sous les rafales du second Zero...

Pendant ce temps, plus haut, les chasseurs d'escorte des SBD engagent de nouveaux ennemis au-dessus de la flotte ennemie. Sur une déflexion improbable, Riri règle son compte à ce Zero, qui doit encore se demander ce qui lui est arrivé.

Nul doute que le même sort aurait été réservé à celui-là si Riri n'avait pas été, comme d'autres avant lui, victime des cartouches frelatées qui équipent en masse les Wildcat de la TF17. Mitrailleuses enrayées, il doit laisser s'échapper ce kill tout-fait-tout-cuit-t'étais-déjà-mort. On ne peut qu'imaginer le flot d'insultes et de vulgarité qui ont résonné dans son cockpit à ce moment précis...

Simple sursis pour le pilote nippon qui aura eu l'imprudence d'effectuer une ressource juste devant le collimateur de 2Pattes, qui ne se fait pas prier pour passer en mode « tranchoir ».

Le grand moment arrive... Après la catastrophe des Avenger (à peine née, une race déjà en voie de disparition), tout repose sur les épaules des Dauntless. Partizan ouvre la danse. Jusque-là, tout va bien : y a comme une impression de déjà-vu...

Une impression qui ne perdurera pas. La veille, c'était une tempête de feu et d'acier qui s'abattait sur le porte-avions ennemi. Ce jour-là, c'est à peine un aqua-splash géant qui touche le bâtiment japonais. Les renseignements américains ont rapporté qu'à l'exception d'un mousse nippon victime d'une iritation à l'oeil droit due à une projection d'algue, le navire et son équipage en est sorti totalement indemne.

C'est l'heure du RTB, la queue entre les jambes. Et les fesses serrées pour 2Pattes, dont le moulin crache un bruit évoquant l'agonie d'un nonagénaire pneumonique. Forcé d'amerrir, son ailier Riri veillera sur lui jusqu'au bout et signalera sa position aux secours afin de lui permettre d'échapper à un sort peu enviable (buvez un verre d'eau de mer si vous voulez savoir de quoi je parle).

Le raid revient à bon port... Un peu honteux. Warpig, qui ne se remet pas d'avoir perdu ses protégés, demande sa reconversion sur Catalina (refusée, il est trop nul en navigation) tandis que les spécialistes du bombardements, qui se considéraient comme des moustachus depuis le 7 mai, doivent admettre que c'est à peine un fin duvet pré-pubère qu'ils peuvent prétendre arborer...